WORKSHOPS

Atelier : Beauté et identité africaines

Les personnes de couleur prennent des risques pour éclaircir leur peau. Ce sont des Asiatiques et des Africains, des femmes, des mères qui imposent le traitement à leurs enfants, mais aussi de plus en plus d’hommes. On estime à plus de 50 % les Africaines qui usent de produits éclaircissants. Lefteri Hasanaj et Jeanne Gribi sont assistantes sociales au Foyer pour requérants d’asile de Saconnex. « C’est une problématique que nous rencontrons régulièrement, un souci de santé publique. Nous avons voulu y sensibiliser nos usagers, sans les remettre en question, sans les juger, seulement leur signaler les dangers encourus. »

Des dangers sérieux, oui, confirme le Dr Edward Kunz, venu à leur demande animer un atelier sur ce sujet. « La dépigmentation détruit l’épiderme. Or, c’est cette première couche de la peau qui protège contre les rayons UV et facilite l’assimilation de la vitamine D, nécessaire à la solidité de l’os. En Suisse, les substances nocives sont interdites. Les fabricants les injectent dans les cosmétiques destinés à l’exportation et qui sont ramenés ici par les voyageurs. On les trouve partout. La cortisone, l’hydroquinone, le mercure, toutes sortes de détergents comme l’eau de Javel entrent dans la composition de ces produits, sans qu’on s’y intéresse. Or, ces substances sont la cause de multiples pathologies, comme la gale, les mycoses, le diabète, les cancers de la peau, l’hypertension artérielle… ».

La peau blanchit, mais vieillit aussi prématurément. Des taches apparaissent, des lésions se forment qui laissent des cicatrices. On ne peut plus s’arrêter parce qu’on veut conserver son teint clair. Et parce qu’on devient dépendants de certaines substances contenues dans ces produits. « Cela fait l’affaire des cosmétologues dont la pression est énorme, observent Jeanne et Lefteri. En Afrique, tous les magazines sont emplis de publicités qui montrent des femmes à la peau dépigmentée. Ils profitent d’un problème d’identité, d’un malaise social. Mais pourquoi renier ses origines ? Que fait-on de son père, de sa mère, de ses racines ? ».

À cet atelier, elles avaient également invité Catherine Tetteh, une esthéticienne qui se bat depuis des années contre la dépigmentation de la peau. Elle est venue avec des produits naturels et des conseils qui ont fait la joie de la vingtaine de participantes. Comme Jeanne et Lefteri, Catherine aimerait « aider les femmes à mettre l’accent sur leur beauté intérieure et à devenir fière de leur couleur noire. Elle voudrait rendre sa valeur à la beauté africaine. »

Atelier : Soins capillaires et fabrication de soins cosmétiques

L’Université Gaston Berger de Saint-Louis au Sénégal a organisé la « Semaine Décoloniale – KUMBIT ÑU DEM ». Catherine Tetteh a présenté son documentaire « Histoire de peau » qui a suivi d’un échange avec le public sur la « Beauté et identité africaine : santé et bien-être dans la peau ». Puis, elle a animé un atelier sur la fabrication de crèmes corporelles et de masques de peaux à partir de produits naturels et locaux, notamment avec des fruits, des légumes et autres ingrédients naturels.